Fabriquer un livre

Les vitrines miniatures de Serge CORMIER

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Léonard de Vinci a dit très justement : « Les détails font la perfection, et la perfection n'est pas un détail. ». Le sujet que nous allons développer ici le démontre parfaitement.



	Certains miniaturistes, pour faire des livres, se contentent d'envelopper un petit bout de carton d'une image représentant la couverture. De plus, ils font cela à une échelle qui permet normalement d'affiner les détails (généralement au 1/10^e). Seulement cela n'en fait pas un livre, mais une pâle imitation. Pourquoi est-ce important ? Parce que chaque détail contribue à la beauté d'une vitrine miniature. Et un livre est un objet connu de tous. Il est donc gravé dans la mémoire de chacun. La librairie présentée sur ce site regroupe 227 livres et 277 albums d’illustrés, tous fabriqués un à un à l’échelle 1/20^e. Voici les deux méthodes que j’ai utilisées pour réaliser tous ces ouvrages. Mais commençons par examiner comment est composé un livre ! Voir la boutique « Mon ami le libraire »

Introduction	· Qu’est-ce qu’un livre ? · Plan de travail.
Comment fabriquer un livre ?	· Méthode 1 : avec une véritable couverture identifiable · Méthode 2 : Fabriquer des livres différents à la chaine



Qu’est-ce qu’un livre ?	Il existe deux sortes de livres : les livres brochés et les livres encartés. Si nous introduisons dans une vitrine un livre connu du public (dictionnaire, type d’édition, etc.), il est important de respecter la forme de sa reliure. Les livres encartés sont les livres du type d’édition « Livre de poche ». Les pages sont simplement collées en elles et une couverture vient recouvrir le tout, puis un coup de massicot vient couper le tout sur les trois côtés. Pour reproduire ce type de livre, la méthode décrite plus haut est parfaite. Tous les autres livres sont brochés. Ils sont constitués de cahiers cousus individuellement, puis reliés entre eux. Voilà pourquoi, une fois relié, le livre prend un dos rond. L’épaisseur du fil fait se gonfler le dos. Un livre broché est composé d'un certain nombre d'éléments. Tous ne sont pas reproductibles en miniature, mais voici les principaux éléments qui nous intéressent :

	Suivants l'échelle utilisée, nous reproduirons ou non certains détails. Certains seront facultatifs. Par exemple, cette image nous présente un livre avec ce que l'on appel des nerfs. Ce sont des bourrelets en relief qui habillent les coutures des livres anciens. À l'échelle 1/20^e, je ne fais pas de vrais nerfs. Je fais en sorte qu'ils soient correctement représentés par les ombres et les lumières sur l'imprimable. De plus, les livres modernes n'en n'ont pas. La tranchefile est un petit cordon de fils de couleur qui protège le haut de la reliure. On ne la fera que si le livre est dans une position où elle est parfaitement visible. C’est par exemple le cas lorsque le livre est ouvert. Lorsque le livre est rangé dans la bibliothèque elle ne se voit pas. Par contre, d'autres détails sont incontournables. C'est le cas de la gouttière et des chasses. La gouttière est la partie opposée au dos, et qui prend une forme arrondie en creux quand le livre est endossé. Il est facile de faire cette gouttière avec une petite lime « queue de rat ». La chasse, quant-à elle, est la partie de la couverture qui dépasse des pages, et évite le frottement de celles-ci sur l'étagère. C'est ce détail qui est souvent négligé. Or, faire la chasse est un élément très important, car il permet d'obtenir l'aspect d'un véritable livre, et donc de pouvoir le placer dans n'importe quelle position ou n’importe où dans la vitrine (sur une étagère, sur un fauteuil ou une table). Certains objecteront que sur une étagère la chasse ne se voit pas, mais c'est faux. Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce que l'on voit souvent en miniature, les livres ne remplissent jamais la totalité de la hauteur d'une étagère. Seuls les grands livres peuvent arriver au niveau de l'étagère supérieure. Mais les livres qui sont à côté sur la même étagère sont de tailles différentes. Par conséquent, les chasses sont visibles. De plus, les chasses permettent de montrer que l'on a bien fabriqué les livres individuellement.
	Nous voyons clairement sur ces images les chasses des livres. On a donc sous les yeux de véritables livres. Certaines personnes me demandent même quelques fois : – « As-tu fait les pages des livres une à une ? ». Il ne faut pas quand même pas exagérer à ce point ! Mais cela montre qu’ils ont sous les yeux de véritables livres. Plan de travail Je sais que, pour avoir une suite de livres, il est plus facile d’imprimer l’image d’une série de livres sur une étagère, et de la coller sur un support. On remplit ainsi plus rapidement la bibliothèque ! Alors pourquoi est-il important de fabriquer chaque livre individuellement ? Pensez à ceci : quand plusieurs personnes ont pris dans leurs mains des livres et les ont remis en rayon, pensez-vous que tous ces livres se retrouveront parfaitement alignés ? Demandez aux employés des grandes surfaces ce qu’ils en pensent !
Pensez-vous obtenir ce résultat en imprimant toute la rangée de livres sur un seul support ?
Cet outil, fabriqué dans une chute de profilé en PVC, me permet de coller ensemble les séries de livres ou tous les livres qui se retrouverons sur une même étagère dans le vitrine. Fabrication de l’organiseur d’étagère	Si vous voulez que votre vitrine provoque une émotion, il faut qu’elle vive et soit authentique. Voici comment procéder : 1 - Fabriquer chaque livre individuellement. Il est possible de faire des séries de livres identiques, par exemple pour une même collection. Mais on fera chaque livre un à un, et on les réunira un à un de sorte qu’ils ne seront pas alignés avec une parfaite régularité. Pour donner une impression de réalisme, il est souhaitable de prévoir des livres de trois hauteurs différentes, et de trois épaisseurs différentes. 2 - Réunir les séries identiques Réunir ensemble les livres qui forment des séries ou des collections, en les collant les uns aux autres. 3 - Ranger tous les livres dans une boite. Mettre tous les livres individuels et les collections ainsi assemblées, ensemble dans une boite. Brasser-les pour les mélanger. 4 - Laisser le hasard décider. Prendre ensuite chaque livre dans la boite en laissant le hasard décider du choix, en les rangeant dans les rayonnages, ou sur l’organiseur d’étagère (voir ci-contre), soit un livre, soit une série, en laissant de-ci de-là des trous, comme si quelqu’un venait de déplacer un livre. Vous obtenez ainsi des rayons plus vrais que nature.
Comment fabriquer un livre ?
	Nous allons développer ici deux méthodes de fabrications. La première permet de fabriquer de véritables livres individuellement. Il est même possible d’y poser des couvertures identifiables, comme pour des illustrés par exemple (voir la vitrine « Mon ami le libraire »). La seconde permettra de fabriquer des livres à la chaine destinés à être mis en rayon.


Méthode 1 : Avec une véritable couverture identifiable. * Comment accéder à la page de téléchargement de la suite CS2 d’Adobe. Si vous ne possédez pas déjà de compte sur Adobe, allez d’abord sur le site d’Adobe et ouvrez un compte. Puis à l’aide de l’identifiant et du mot de passe, accédez à la page de téléchargement. Installation. Pour installer les logiciels de la suite CS2 sur Windows 7, créez un dossier « CS2_nomdulogiciel » directement dans C:/ pour chaque logiciel de la suite CS2 que vous désirez installer. Lors de l’installation, refusez l’installation par défaut et changez le dossier d’installation pour celui que vous venez de créer. Suite Adobe CS2 gratuite	Pour fabriquer un livre miniature, il nous faut préalablement fabriquer ce que l'on appelle dans notre jargon un imprimable. C'est donc là que nous allons prévoir nos chasses, et c'est très facile à faire. Nous aurons besoin pour cela d'un logiciel de dessin. Bien sûr, l'idéal est de posséder et de maîtriser Adobe Photoshop (pour info, la version CS2 est gratuite sur le site d'Adobe ici). Mais nous pourrons travailler de la même façon avec Gimp, qui est son équivalent gratuit. Ces deux logiciels présentent l'avantage de travailler avec des calques. Nous pourrons travailler aussi avec Paint, mais l'absence de calques demandera d'adapter la technique. Avec notre logiciel de dessin, nous allons fabriquer une couverture vierge avec tous les traits de pliages et de coupes. Nous l’enregistrerons en sous le nom « modèle livre hauteur x largeur x épaisseur* ». Nous pourrons ainsi faire des copies de ce fichier en variant les dimensions et les épaisseurs des livres que nous désirerons fabriquer. Nous obtiendrons ainsi un modèle de document par format et grosseur de livre désiré. Cette étape prend un peu de temps, mais elle fera toute la différence. De plus, tous ces modèles de document pourront être conservés dans un dossier spécifique « Modèles de fabrication » et resservir à chaque fois que nous aurons des livres à faire.

Voici à quoi ressemble notre modèle de document terminé

Nous y trouvons les traits de pliages et de coupes dans les angles.
La zone rouge est la zone de la couverture imprimable totale (la couverture plus les remplis).

Cette zone matérialisée ici en gris est la couverture qui sera visible une fois le livre terminé. Il est important de la repérer correctement si on a sur la couverture de face un motif qui doit être centré.

Cette zone grise montre le dos du livre
qui sera visible une fois le livre terminé.
C'est aussi l'épaisseur du carton qui fera les pages du livre.

Cette zone grise est la zone de remplis qui va devenir notre chasse une fois les côtés repliés. Sa largeur est la différence entre la couverture visible et la zone repliable pour former la chasse. La partie de cette chasse qui restera visible, une fois le livre terminé, sera d'un demi-millimètre à un millimètre de largeur, suivant le format du livre. Par conséquent, la zone grise fera deux à trois millimètres de large tout le tour, pour avoir une petite marge.

Pour fabriquer notre imprimable, nous allons prendre notre modèle de document, et y rajouter la couverture. Nous allons pour cela récupérer une couverture de livre sur internet accompagnée de son dos, et la coller en l'ajustant à la zone grise de la vue 2. Nous remarquons que la zone de remplis est encore blanche.

Nous allons récupérer, avec la pipette, une couleur dominante dans la couverture, et en remplir la zone de remplis. N'oublions pas que la partie visible de cette zone ne sera que d'un demi-millimètre à un millimètre de largeur. Il est donc normalement inutile d'y mettre des motifs, sauf cas particulier.

Notre imprimable est désormais terminé. Il ne nous reste plus qu'à faire notre livre. Nous allons y insérer un petit carton de l’épaisseur du livre. Sa hauteur sera égale à la hauteur de la couverture réelle moins 1 mm, se qui nous fera une chasse d'un demi-millimètre. Sa largeur sera égale à la largeur réelle de la couverture. En effet, le fait de poncer les angles du dos pour l'arrondir nous donnera le demi-millimètre dont nous avons besoin pour la chasse.

Découper chaque couverture de livre individuellement
avec une bande blanche autour pour faciliter le travail.

Sur l'envers, marquer les plis
et plier la zone de remplis tout autour.

Couper les angles à 45° à l'intersection des plis.

Coller les remplis

Préparer le carton en arrondissant le dos
et en limant la gouttière.

Coller le carton au dos de la couverture de face,
en respectant les chasses

Finissez de coller le livre.

Méthode 2 : Fabriquer des livres différents à la chaine	Si les livres sont destinés à être exposés sur une étagère ou en rayon, la méthode présentée ci-dessous, permet de fabriquer à la chaine des livres différents individuellement, très rapidement. Mais cette méthode n’est valable que dans ce cas.
	1 - Récupérer dans des magazines des pages contenant une image ou une publicité qui prend la totalité de la feuille (et qui possède assez peu de texte). Dans certaines publicités, les pages possèdent des aplats de couleurs très intéressants. Le genre de page ci contre donne de très bons résultats. Les titrages donneront souvent des effets intéressants. 2 - Couper des bandes sur toute la longueur de la page dont la largeur est égale à la hauteur du petit carton qui formera les pages blanches des livres, plus 11 mm (je suis toujours à l’échelle 1/20^e).
	Bandes découpées dans une page de publicité
	3 - Sur toute la longueur de chaque bande de papier et de chaque coté, replier et coller sur le verso 5 mm de papier de chaque coté. La largeur de la bande sera donc maintenant égale à la hauteur du carton qui formera les pages blanches du livre, plus un millimètre (ce millimétré deviendra nos chasses haut et bas).
	4 - Il suffit maintenant de coller ce petit carton à l’extrémité de la bande de papier (coté verso) …
	À droite : les bandes de papier avec le bord de 5 mm replié. À gauche : le carton blanc collé à l’extrémité de la bande.
	… et d’envelopper la bande autour de ce carton.
	On colle le verso du livre en l’enveloppant avec la bande de papier.
	5 - On coupe la bande au raz du carton, et on recommence avec la suite de la bande de papier. On fera ainsi très rapidement des livres à la chaine, tout en respectant la présence des chasses.
Ces livres ont été fabriqués par cette méthode.	Le livre coupé au bout de la bande de papier
	Les couvertures de ces livres auront ainsi des motifs et des couleurs automatiquement différents. Les aplats permettront d’avoir des séries de livres identiques qui pourront être collées ensembles. On peut recommencer cette opération en faisant varier les épaisseurs et les hauteurs des livres.
	Important Comme on coupe la bande de papier au bout du carton, on ne fait donc pas de chasse coté gouttière. Voilà pourquoi je précisais que cette méthode n’est valable que pour des livres rangés sur des étagères, puisque dans ce cas, l’absence de chasse ne se remarque pas. Pour des livres posés sur une table ou un fauteuil, il est préférable d’utiliser la première méthode, utilisant des imprimables, expliquée plus haut.


Et voilà !	Vous avez réalisé un vrai livre miniature avec son dos rond et sa gouttière. Et tout le monde vous dira : — « Mais comment fais-tu les livres ? » Ou encore — « Est-ce que tu fais chaque page aussi ? »